Julie

Nanagramme

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15 août 2010

Dès les premières pages de "La Montagne de minuit", de Jean-Marie Blas de Roblès, je n’ai pu m’empêcher de penser à "L’élégance du hérisson", de Murielle Barbery. Le personnage principal de ce livre, Bastien, est en effet un personnage effacé qui dissimule des connaissances et une érudition profondes : gardien d’un lycée jésuite en surface, il est aussi féru de culture orientale, dessine un mandala, pratique la méditation... Bref, un moine bouddhiste lyonnais en salopette. Il se lie avec une nouvelle locataire de son immeuble, Rose Sévère, maman d’un petit Paul et chercheuse à la Maison de l’Orient. Très vite, le récit nous entraîne à Lhassa parce que, sur un coup de tête, Rose offre à Bastien le voyage de sa vie et l’y accompagne...

Débarquent alors dans l’intrigue des faits historiques teintés d’occultisme nazi. De quoi rendre ce court récit palpitant ? Oui, bien sûr. Dommage que la construction du roman ne permette pas à l’histoire de prendre son envol et d’être aussi captivante qu’elle aurait pu l’être. En effet, ce livre s’écrit en quelque sorte à deux voix. Les souvenirs de Rose répondent à la version que donne Paul, son fils devenu grand, des faits. Au final, le roman s’enlise et aussi intéressant (d’un point de vue historique s’entend) que soit, parce qu’obscur, le mysticisme nazi, ça ne prend pas et on reste sur sa faim.

La façon dont sont distillés les faits historiques les rend complètement insipides et plats et on referme le livre en se demandant où l’auteur voulait en venir.

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7 juillet 2010

Un petit peu imbuvable, qu'on soit calé en Stavinsky ou non... On peut avoir beau être fan des Enfants terribles, de La Machine infernale, etc., ce texte est quand même particulièrement ciblé et très difficile d'accès...

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6 juin 2010

Quand on aime Jane Austen et son roman le plus connu "Pride & Prejudice", "Orgueil et préjugés", que fait-on lorsqu’on entend parler d’une reprise de cette belle oeuvre à la sauce morts-vivants ? On s’offusque ? Non. On ouvre de grands yeux éberlués ? Oui. Et ensuite on se plonge dans ce surprenant récit.

De l’oeuvre d’Austen, Seth Grahame-Smith a tout gardé : les répliques quasi cultes de Mr Bennet concernant les nerfs de sa femme, l’obsession de cette dernière à marier ses cinq filles, le ténébreux Darcy et la piquante Elizabeth...

Son seul ajout, et non des moindres, c’est que l’histoire se déroule dans un pays en proie à une étrange épidémie : les morts reviennent à la vie pour se repaître de la cervelle des vivants... Pour combattre ces innommables, la jeunesse britannique prend les armes et se forme en Asie... Ainsi, les soeurs Bennet, farouches guerrières, ont été entraînées par un maître shaolin, la splendide demeure de Darcy, Pemberley, se trouve enrichie d’un dojo et lady Catherine de Bourgh a, à sa solde, toute une armée de ninjas...

On peut être sceptique, mais force est de constater que l’évolution de la relation entre Darcy et Elizabeth, pilier central de l’oeuvre originale et donc intérêt principal du récit, n’en souffre pas... Sauf peut-être un peu Darcy quand Elizabeth l’agresse à coups de tisonnier, mais bon, n’allons pas tout dévoiler !

On peut donc se dire que Orgueil et préjugés et zombies est un simple coup médiatique, une provocation sans grande originalité... On peut aussi savourer le surréalisme de certains passages comme la "dispute" entre Lizzie et lady Catherine...

Si Seth Grahame-Smith dépoussière une oeuvre qui n’en avait pas vraiment besoin, il faut lui reconnaître la pertinence de son adaptation : le personnage créé par Austen fin XVIIIe - début XIXe était un être libre, spirituel et relativement indépendant par rapport à la société rigoureuse de l’époque... Grahame-Smith en a fait une Tueuse, une farouche guerrière qui se bat aussi bien pour sa vie que pour son honneur. Une femme de tête qui, tout comme la Lizzie d’Austen, a su séduire davantage Darcy par son esprit et sa dévotion sororale que par ses minauderies et ses flagorneries...

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6 juin 2010

Oscar Wilde & le meurtre aux chandelles

On passera sur les pages croûlant sous les fleurs que le narrateur, Robert Sherard, lance à ce grand génie qu’est son meilleur ami Wilde, en se disant que cela est un effet narratif même si c’est parfois indigeste...
On retiendra, surtout, le tableau de la vie londonienne mondaine d’alors, même si tout tout tout dans ce roman tourne autour de Wilde, et on s’étonnera, toutefois, que Sherard/Brandreth attendent près de 200 pages pour évoquer l’attirance physique probable de Wilde pour les jeunes éphèbes : "Si, en quelques moments de faiblesse occasionnels, dans l’intimité obscure d’une chambre, Oscar succomba aux tentations de la chair, qu’il en soit ainsi". Mais bon, un roman policier historique n’a pas vocation à se mouiller, n’est- ce pas ?

roman

Héloïse d'Ormesson

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6 juin 2010

Le monde flottant

A la fin du XIXe siècle, le Japon est à la traîne et son organisation est toujours très féodalisée. Il subit l’ouverture économique et l’"invasion barbare" occidentale qui résultent d’un traité qui lui est défavorable. La situation est des plus tendue quand Tom Glover, le gaijin venu d’Ecosse, pose le pied à Nagasaki, en 1859.
Inventif et bien construit, ce roman nous plonge réellement dans le Japon de la fin du XIXe siècle et de l’ère Méji. Des ronin aux sensuelles courtisanes, et pourtant sans trop tomber dans les poncifs, c’est l’histoire du Japon qui se dessine à travers les destins individuels, avec, évidemment, le charismatique écossais pour personnage central. Alan Spence, considéré comme le maître écossais du haiku, dirige, à Edimbourg, un centre de méditation (merci la quatrième de couverture). Le Monde flottant c’est donc aussi l’occasion de prendre quelques petites leçons de zen, même si on peut regretter que les exemples soient très communs (applaudir d’une main, le chien à couper en deux). Mais bon, un roman aussi aventureux, surtout basé sur un personnage réel, n’a pas pour vocation première l’élévation spirituelle, de toute façon ! Il doit plutôt faire voyager, dans le temps et l’espace. Pour ceux qui veulent en apprendre davantage sur l’Histoire du Japon et découvrir ce pays sans quitter leur fauteuil, Le Monde flottant est un incontournable.