Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

22,90
Conseillé par (Libraire)
9 mai 2022

Somptueux et inoubliable !

Il est des livres qui marquent une vie de lectrice, des livres que l'on conservera dans sa bibliothèque, précieusement, amoureusement une fois la dernière page tournée à regret. "Le fils de la veuve" est de ceux-là.
L' histoire débute en 1917 quelque part entre l'Alberta et le Montana. William Moreland, marié et père d'un garçon de 12 ans, Jack, est veuf depuis peu et a confié son fils à une religieuse.
Homme impossible à attacher à un foyer, Moreland n'a jamais pu s'empêcher de courir les chemins ; Mary Boulton l'a accepté ainsi, élevant seule leur fils qui a grandi entre chaque retour de son père.
Inconsolable à la mort de sa femme, William s'est juré de rapporter assez d'argent à Jack pour que celui-ci se sente à l'abri du besoin. Il va donc se mettre à écumer la région méthodiquement et avec une grande intelligence. Pendant ce temps-là, le gamin grandit chez sa bienfaitrice qui n'a qu'une idée en tête, le transformer à son gré et lui faire oublier ses parents...
Ce roman est tout simplement splendide. Les descriptions des pérégrinations de William, sa vie de vagabond voleur de grand chemin sont des pages admirables mais celles qui racontent les émois de Jack, les épreuves qu'il va traverser, son courage et sa fidélité à l'amour inconditionnel qu'il porte à ses parents sont d'une force et d'une beauté bouleversantes.
L' amitié est aussi au centre de ce roman car père et fils vont pouvoir compter sur deux hommes pleins de bon sens et d'empathie.
Roman aussi de la vie au grand air, la nature sauvage est omniprésente, les pages bruissant des sons et vibrant des couleurs de ce coin des États-unis.
Magnifique !

Conseillé par (Libraire)
4 mai 2022

Coup de coeur absolu, total et définitif pour un roman Ados époustouflant !

Vous succomberez vous aussi, forcément, irrémédiablement et durablement à la puissance, à la beauté et à l'originalité de cette histoire, celle d'Hidalgo et de ses 6 enfants adoptifs.
Le roman commence en France en 1977 : une journaliste est venue écouter une très vieille dame de 116 ans, Lisbeth, raconter l'histoire de sa famille exceptionnelle ; Lisbeth prévient son auditrice que la vengeance sera au cœur de son récit qui démarre en 1865 alors que 5 fillettes et leur père se dirigent plein Ouest, quelque part aux Etats-Unis...
Hidalgo s'y est réfugié pour échapper à ses souvenirs douloureux, à sa carrière de militaire en France, à ses ennemis aussi.
Il va recueillir sur sa route 5 fillettes, âgées de 4 à 10 ans au début du roman. Un jeune garçon va se joindre à leur petit groupe soudé et courageux : voyager en 1865 en chariot sur les routes cahoteuses et peu sûres d'Amérique n'est pas une mince affaire. Hidalgo fait régner une discipline rigoureuse et les tâches à accomplir sont réparties en fonction de l'âge de chacun. Il souhaite inculquer des connaissances larges à ces enfants qu'il considère comme les siens mais sait aussi que ce pays immense est sans pitié. Il va donc leur apprendre la boxe française, l'usage des armes et surtout à utiliser leur cervelle avant de tirer... Ils en auront bien besoin quand un personnage surgi du passé d'Hidalgo va s'acharner à le retrouver...
La psychologie des personnages, les rencontres que la famille d'Hidalgo va faire, bonnes ou mauvaises, les paysages décrits et les épreuves traversées par cet homme et les siens sont autant d'éléments travaillés dans une très belle langue par l'auteur. Les péripéties vont s'enchaîner et former ainsi la matrice d'une famille imaginaire hors du commun et inoubliable.
A dévorer de 13 à 116 ans...

Tamsin Calidas

Dalva

Conseillé par (Libraire)
26 avril 2022

Un récit très fort loin des sentiers battus

Partir loin, tout quitter, et surtout, surtout, quitter la ville, la polluée, la surexcitée, l'agressive cité pour recommencer à zéro... Certains en rêvent, d'autres l'ont fait comme Tamsin Calidas qui raconte dans ce récit à la 1ère personne son départ de Londres alors qu'elle est âgée de 33 ans et qu'elle vient d'épouser Rab. Ayant décidé de trouver un autre cadre de vie, ils choisissent l'Écosse dont est originaire une partie de la famille de Rab; les premiers chapitres déroulent leur installation sur une île des Hébrides
- autant dire la Terre de Feu à la mode écossaise - dans une ferme abandonnée qu'ils rachètent et commencent à restaurer tout en achetant des brebis pour commencer un élevage.
Photographe puis directrice de campagnes publicitaires dans sa vie d'avant, Tamsin a développé un oeil qui sait scruter, qui observe, attentif aux autres et à ce qui l'entoure. Chaque chapitre est d'ailleurs accompagné d'une petite photo en noir et blanc qui permet au lecteur de s'imprégner du décor incroyable que l'auteure déploie sous nos yeux. Tempêtes à arracher les toitures, eau glaciale qu'elle affronte lors de séances de natation salvatrices, champs érodés par les vents, lumière unique, "parfum herbacé et aromatique" de l'air, faune et flore dures à la vie... La lecture de ce récit comporte des descriptions de paysages qui sont autant de torrents d'odeurs et d'images de fraîcheur et de beauté que d'une rudesse qui en usera plus d'un. Rab finira par partir, épuisé par le travail, la solitude et la difficulté à se faire accepter, laissant seule Tamsin qui va résister à toutes les épreuves.
D'une force incroyable, l'auteure écrit avec une langue singulière et sincère ces 18 années passées sur son île, une conquête de soi gagnée jour après jour et c'est très beau !

Conseillé par (Libraire)
20 avril 2022

Cap sur un Portugal tout en Noir !

Direction le Portugal et sa capitale; on y découvre le personnage de Marcelo Silva à qui a été proposé un poste à responsabilité (et à emmerdes afférents) au sein d'un organisme public. A la tête d'une brigade de répression des fraudeurs à col blanc, il va enquêter sur la disparition d'un banquier d'affaires.
Marcelo était journaliste correspondant de presse en Allemagne mais la douceur et les ruelles de Lisbonne finissant par lui manquer, il a démissionné pour retourner dans son pays.
Fin limier et grand connaisseur des arcanes du pouvoir, il a autour de lui quelques vieux amis et des connaissances qui vont l'aider dans ses recherches. Il est aussi un grand marcheur et ses déambulations dans Lisbonne sont autant de petits tableaux constituant un décor peu fréquent dans la littérature traduite et agréable à découvrir.
Au-delà des considérations sur la ville ou sur les vins dégustés provenant de l'Alentejo, Szymanski décrit un Portugal qui souffre ; la Pauvreté y a fait son nid à côté de ceux qui se déplacent en voiture de sport.
L'auteur, lui-même journaliste spécialisé en économie, dénonce dans ce roman un système de pots de vin et de détournement de fonds monté par quelques roublards de la haute finance et impliquant des dizaines de personnalités dans tous les secteurs de la vie économique et culturelle du pays. La gangrène a dévoré du monde et tout le système bancaire est au bord de l'implosion. Le Portugal des années 2010 et de la crise économique sans précédent qui l'a secoué est savamment mis en scène et le récit construit sans temps mort.
C'est certain, on reprendra avec beaucoup de plaisir de ce vin portugais dès la suite des aventures de Marcelo...

22,80
Conseillé par (Libraire)
12 avril 2022

Une nouvelle enquête complexe au milieu de la lave...

Les romans policiers de l'islandaise Yrsa Sigurdardóttir (à ne pas confondre avec sa consoeur, Ilja Sigurdardóttir) m'ont plu dès "ADN" qui fait intervenir pour la 1ère fois un couple de personnages qui deviendra récurrent, l'officier de police Huldar et une psychologue pour enfants, Freyja.
Ce 4ème tome est de la même veine que les précédents: l'enquête avance doucement avec au départ bien peu d'éléments pour la police et de surcroît un garçonnet qu'il faut essayer de faire parler pour retrouver ses parents et lié de façon inexplicable à l'enquête en cours...
Celle-ci va réunir en effet un assassinat mis en scène dans un champ non pas de betteraves mais de... lave -bien sûr- et un enfant de 4 ans retrouvé mystérieusement seul dans l'appartement du macchabée d'où la présence de la psychologue pour enfants, la Police islandaise n'ayant pas le droit d'interroger les enfants.
Voici un bon polar bien monté et au scénario crédible. On y retrouve avec plaisir Huldar et Freyja qui sont loin d'être des perdreaux de l'année; ils doivent gérer leurs problèmes personnels en plus de ceux du boulot... L'Islande ne constitue qu'un décor de fond pour l'auteure, moins attentive que son illustre concitoyen, Arnaldur Indridason, au passé et à ses mystères douloureux qui resurgissent chez Indridason au détour d'une enquête. Celles d'Yrsa prennent davantage racine dans la psyché d'un ou de plusieurs personnage(s), victime(s) ou meurtrier(s). Elle s'attache plus particulièrement ici au sort des femmes et décrit une société encore très machiste et pleine de préjugés.