En cas de forte chaleur

Maggie O'Farrell

Belfond

  • Conseillé par
    1 août 2014

    Irlande, secret de famille

    Me voilà replongé dans l'univers de l'auteure, qui m'avait enchanté avec "L'étrange disparition d'Esme Lennox".

    Il s'agit, encore une fois, de disparition. Celle d'un bon père de famille irlandais à la retraite qui semble ne plus avoir toute sa tête.

    Rassemblant autour d'elle ses enfants, Gretta fait confiance au destin pour retrouver son mari.

    Si le roman commence par une polyphonie, la famille se retrouve réunie finalement et l'auteure parle d'une seule voix.

    Encore une fois, j'ai aimé me laisser bercer par la prose fluide de l'auteure. J'ai aimé découvrir ses personnages au passé complexe et douloureux. Et même si je ne suis pas fan des histoires de secrets de famille, j'ai pris plaisir à découvrir ceux-ci, car les personnages ne sont jamais fades.

    Qui plus est, l'auteure brosse un portrait de l'Irlande "en creux", de sa diaspora partie s'installer et travailler à Londres ; de ses traditions que respecte scrupuleusement la première génération, mais beaucoup moins la suivante.

    Une auteure qui sait soulever un coin du voile sur son pays, tout en finesse.

    L'image que je retiendrai :

    Celle de la maison du mari de Monica qui doit rester conforme à l'esprit du XIXe siècle, et qui est pleine d'échardes et d'objets peu pratiques.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2014/07/13/30023757.html


  • Conseillé par
    11 juin 2014

    Sensible et délicat

    Maggie O'Farrell signe ici un roman "familial". Les personnages sont très fouillés, attachants, ce sont des personnalités humainement riches.

    L'auteur fait preuve de beaucoup de lucidité dans l'approche des liens familiaux, dans la description des rapports humains et/ou fraternels.

    Petit à petit, le lecteur découvrira qu'il y a eu dans cette famille ordinaire, des secrets, des mensonges : entre la mère et ses enfants, entre les 2 soeurs...

    La vérité et les réponses se mettront alors en place en fonction de chaque protagoniste, de sa sensibilité et de sa façon d'aborder la vie. Car l'auteur nous parlera de chacun d'entre eux, de leurs forces, de leurs fêlures, de leurs rêves et de la place qu'ils ont ou croient tenir dans la famille.

    Ce roman se lit d'une traite, il est d'une écriture agréable toute en finesse et en sensibilité.

    Sans avoir la force narrative de "Quand tu es parti" ou de "La disparition d'Esme Lennox", c'est un roman qu'on ne lâche pas car on a hâte d'aller de l'avant et que l'on quitte avec regret une fois la dernière page lue car l'on s'y sentait bien.


  • Conseillé par
    8 avril 2014

    Famille, je te hais !

    Maggie O'Farrell explore avec justesse l'âme humaine. Elle décrit merveilleusement bien ses personnages, une ambiance, un décor, les gestes, les mots, les pensées intimes. C'est une écriture puissante et douce, qui coule lentement et nous éclaire d'une belle sensibilité. Déjà en 2011 "Cette main qui a pris la mienne" m'avait apporté la sérénité que quelques rares ouvrages peuvent offrir. Le plaisir des mots et des images, les non dits, l'image de la femme et son l'émancipation tant attendue, la complexité des relations dans la fratrie et en toile de fond, la belle Irlande, magique et toujours mystérieuse. Cette fois, nous sommes à Londres en 1976 durant quatre jours de canicule. Une famille décomposée par les épreuves va se retrouver et tenter une ultime réconciliation. Un très beau texte.


  • Conseillé par
    17 février 2014

    Secrets de famille....

    J'ai lu avec des fortunes diverses plusieurs romans de cette romancière née en Irlande du Nord. J'en ai aimé certains et d'autres pas du tout ou pas encore lu !
    Nous sommes à Londres au mois de juillet 1976, une chaleur inhabituelle règne sur la capitale britannique et le parlement adopte des mesures de restriction de l'eau.
    Un matin qui devrait être comme les autres, Robert ne revient pas de sa promenade habituelle. Chose inquiétante, car depuis quelques temps il n'a plus toute sa tête. Gretta, son épouse, se décide à prévenir ses enfants dont nous faisons connaissance a cette occasion. L'aîné, un garçon, Michael-Francis, et deux filles, Monica et Aoife, la plus jeune. Celle-ci, enfant très difficile, habite maintenant aux U.S.A. après une période londonienne pour le moins agitée. Michael-Francis et Monica vont tenter de comprendre ce qui s'est passé. Le pourquoi de ce départ ?

    Leurs situations de famille ne sont pas non plus des plus simples.
    Michael-Francis s'est marié un peu rapidement et sa belle-famille, des Anglais bon teint, ont une piètre opinion des Irlandais surtout quand l'un d'entre eux engrosse sa fille !
    Monica, elle, vit avec un homme marié, père de deux enfants qui lui font bien sentir qu'elle ne remplacera jamais leur mère. Ce qui donne une ambiance familiale des plus pénibles à vivre.
    Pourquoi Robert a-t-il disparu ? Était-il si heureux que cela ? Il semble qu'il ne vivait pas très bien sa retraite et tentait de conserver un horaire très strict comme du temps où il travaillait dans une banque.
    Les enfants du couple ont aussi leurs lots de problèmes, problème de couple, d'enfants, les leurs ou ceux de leurs compagnons. Monica vit un peu comme une recluse perdue dans la campagne anglaise, le village l'ignore, elle passe pour une voleuse de mari !
    Aoife rentre au bercail, la tension est palpable entre tous, de vieilles rancœurs ressurgissent, Gretta reproche en particulier à Michael-Francis et Aoife d'être très solidaires, se soutenant en toutes circonstances.
    Et la chaleur est toujours présente, le parlement légifère et dicte des lois, le gaspillage d'eau sera sévèrement puni...
    Et toujours le mystère de la disparition de Robert ! La famille échafaude les pires hypothèses, le suicide ou alors le départ avec une autre femme !
    La famille Riordan, Irlandais vivant en Angleterre depuis des années, les parents n'ont pas coupé les ponts avec l'île natale, ni pour eux, ni pour les enfants, culture irlandaise à Londres et vacances tous les ans en Irlande.
    Des personnages très complexes et des situations familiales pour le moins compliquées pour Michael-Francis et Monica ; quant à Aoife elle cache tant que faire se peut une chose qui, pour elle, est un handicap certain dans sa vie quotidienne ! Et les relations entre elle et Monica sont exécrables alors qu'elles étaient très proches durant leur enfance ! Les cadavres dans les placards et les fantômes du passé sont nombreux et toujours présents, ce qui ne facilite pas la vie actuelle !
    Il me semble, mais je n'en suis pas très sûr que c'est la première fois que les principaux personnages d'un roman de Maggie O'Farrell sont irlandais !
    Un bon roman intimiste, se déroulant sur une courte période, quelques jours en fait, du 15 au 18 juillet 1976, en grande partie à Londres, puis en Irlande.


  • Conseillé par
    1 février 2014

    Juillet 1976. Alors qu'une canicule s'est abattue sur Londres, Robert Riordan part comme tous matin acheter son journal. Quelques heures plus tard, il n'est pas rentré et son épouse Gretta demande ce qu'elle doit faire. Elle décide d'appeler ses enfants à la rescousse. Pourquoi Robert est parti? Gretta si sûre semble désorientée. Les enfants devenus adultes et qui ont quitté le nid depuis longtemps regagnent la maison familiale. Avec ce retour, si les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence remontent à la surface, les désaccords et les rancœurs ne sont pas en reste. Ils doivent comprendre pourquoi leur père est parti et surtout le retrouver.
    Les vies personnelles de Michael Francis, Monica et Aoife sont loin d'être d'être un long fleuve tranquille.

    Le couple de Michael Francis traverse une mauvaise passe, Monica a du mal à trouver sa place auprès de ses belle-filles et Aoife est partie aux Etats-Unis brouillée avec sa sœur alors qu'auparavant elles étaient inséparables. Tout ont des personnalités différentes. Et à travers le regard de ses enfants, on découvre que Gretta n'a pas été une mère parfaite et ce qu'elle a vécu a son arrivée à Londres. Robert et elle d'origine irlandaise ont tenté de leur transmettre leur culture et leur racine mais en vain. Avec la disparition de Robert, le temps de la cohésion dans la fratrie est venue mais la tension est palpable. Surtout que Gretta en sait plus qu'elle ne veut le dire sur le passé de Robert. Des non-dits ou des vérités voient le jour mettant à mal les convictions de chacun. Je n'en dirai pas plus...
    Maggie O’Farrell nous décrit des personnages attachants avec des défauts mais si humains ! Et à travers une simple scène, elle a cette capacité extraordinaire de nous rendre les émotions. Elle sonde à merveille les relations qui se tissent par un geste ou une attitude.
    J'ai aimé suivre cette famille ( l'écriture de Maggie O'Farrell est un plaisir à elle seule), mon seul bémol concerne la fin et le pourquoi de la disparition car il y a un goût de déjà lu (on devine facilement ce qu'il en est). Mais j'ai passé un très bon moment de lecture !