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26 juillet 2017

Coup de cœur
Le roman se divise en trois chapitres et j'en ai aimé chaque partie. J'ai été touchée par la découverte des corps et du sentiment amoureux mais sans doute encore davantage par la perte de l'autre et par la possibilité de renouer le contact quand l'occasion se présente, possibilité dont chacun peut faire ce qu'il souhaite. Evidemment, j'ai été touchée par le destin de Thomas mais je ne vais pas vous le dévoiler. Si ce livre met en scène deux jeunes hommes, il ne se réduit pas à l'homosexualité. Il a la force des premiers émois ou du grand amour, chacun y puisera certainement une parcelle de sa propre histoire. Peut-être serez-vous surpris par ce qu'il fera ressortir en vous. C'est un peu comme si on pensait n'avoir gardé aucune cicatrice d'un formidable voyage qui s'est fini dans une chute mémorable, qu'on retrouve la trace de cette cicatrice et qu'on s'en réjouit: elle est la preuve que ce beau voyage a bien existé.

Philippe Besson, explique que c'est le récit d'un "Et si...", et si Meryl Streep ouvrait la portière à la fin de Sur la route de Madison. Il a réussi un tour de force ici, celui de me donner envie de revoir un film que je n'ai pas aimé à sa sortie mais qui me toucherait peut-être davantage maintenant et celui de me réconcilier avec l'auteur de La Trahison de Thomas Spencer qu'il évoque d'ailleurs dans ce livre. Dans son entretien, il parle de l'un de ses romans dont le personnage est Marcel Proust. Je sais donc avec quel titre je poursuivrai ma découverte de cet auteur. Vous allez penser que je passe mon temps submergée par l'émotion alors, je vous rassure, entre deux, je lis des romans de rentrée qui, malheureusement ne me touchent ni par la plume, ni par le contenu. Et on ressort de ce livre non pas nostalgique mais heureux d'avoir vécu un bel amour. Je suggérais il y a peu à un ami qu'il était toujours amoureux de cette femme qu'il ne voyait plus mais dont il venait de me parler, ce qui était d'une indélicatesse sans nom et oui, on reste sans doute (et heureusement) toujours profondément attaché à une personne en particulier, celle qui nous a marqués, ce qui n'empêche ni d'avancer, ni, je suppose, de retomber amoureux.
Cerise sur le gâteau, même si Philippe Besson est plus vieux que moi, nos références des années 80 sont les mêmes. La lecture qu'en fait Antoine Leiris, auteur de Vous n'aurez pas ma haine a un petit côté suranné qui m'a beaucoup plu.

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12 juillet 2017

On n'a sans doute pas besoin d'être féministe pour se pencher sur ces cas de femmes disparues, pourtant le "Féministement vôtre" de la préface ne pouvait que me plaire. L'auteure, chroniqueuse judiciaire, nous précise donc que ce polar reprend des éléments des disparitions de femmes survenues en Bourgogne entre 1984 et 1997: douze jeunes femmes ou adolescentes assassinées dont les meurtres sont parfois restés impunis. Marie Vindy entend réhabiliter ces victimes et leurs familles et c'est d'ailleurs à ces victimes que ce livre est dédié. J'ai aimé ce polar pour plusieurs raisons: tout d'abord, l'idée de rendre hommage à ces femmes, de ne pas les oublier sous prétexte que l'enquête a été classée parce qu'il y a prescription, me semble juste. Et puis il y a ce personnage, sans doute inventé de la fille de l'une des victimes, qui décoiffe et ça fait du bien. Une petite pointe de féminisme en herbe qui est raccord avec le thème. C'est donc une belle découverte que ce polar et cette auteure.

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12 juillet 2017

Pierre a une dizaine d'années quand, à l'école, il entend d'autres élèves dire que sa mère a été vue avec un autre homme que son père. Il n'avait pas besoin de ça pour se rendre compte que quelque chose clochait à la maison, les gestes tendres entre ses parents étant inexistants. Dans une angoisse du temps qui passe trop vite, il ne cesse de prendre des photos de ceux qui l'entourent, et de ses parents en premier lieu.

Cette BD est la BD de la nostalgie de l'enfance par excellence. On ressent à la fois l'ennui inhérent aux vacances chez les grands-parents et le plaisir de partager du temps avec la cousine, les liens fraternels et ces liens complexes qui unissent les enfants à leurs parents. Et il y a cet épisode, très bien vu, de ces objets talismans dont les adultes ne comprennent pas l'importance dans la vie des enfants.

C'est doux amer, ça pique un peu sous la langue, tout en finesse. Je vous la conseille.

Livre audio 1 CD MP3

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19,20
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22 juin 2017

Je ne chronique plus de romans jeunesse depuis bien longtemps mais j'avais très envie de découvrir cette auteure dont j'entends beaucoup parler et je ne regrette pas. Je ne suis pas sûre que j'aurais pris autant de plaisir en lisant la version papier car la lecture de Rachel Arditi donne un vrai plus à cette lecture. Elle rend les jeunes filles vivantes et rend parfaitement l'humour de l'auteure. Car j'ai beaucoup ri en ayant parfois que l'ensemble n'était pas politiquement correct puisque Clémentine Beauvais semble tourner en dérision le harcèlement. Pourtant, elle met bien le doigt là où ça fait mal. Les relations mère/ fille sont drôles mais là encore, la douleur de Mireille qui n'a pas été reconnue par son père est bien présente. Bref, je ne résisterai pas à un nouveau roman de Clémentine Beauvais lu par Rachel Arditi, c'est certain.

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22 juin 2017

Ce roman n'est pas seulement un roman sur les liseuses, loin de là. C'est un roman sur le monde de l'édition et sur la vie d'un éditeur, que Paul Fournel connaît bien puisqu'il fut, dans l'une de ses nombreuses vies, éditeur. Nous suivons l'éditeur dans ses nombreux rôles, de la découverte des manuscrits à l'accompagnement des écrivains en rencontre, en passant par la défense de tel ou tel livre en comité et par le départ d'écrivains pour une autre maison d'édition. Et puis, ce qui me plait beaucoup dans ce roman, c'est aussi le rapport à la nourriture et on sent le parallèle entre les deux domaines, le restaurant traditionnel étant d'ailleurs racheté et donc appelé à disparaître pour devenir un restaurant de sushis. Il est difficile de ne pas aimer ce livre quand on est un lecteur compulsif et/ou intéressé par le monde de l'édition, celui qui se développe à petite échelle. Il y a là la plus belle page que je connaisse consacrée à l'artichaut, un légume que je n'aime pas mais qui me renvoie immanquablement à ma mère. J'aime beaucoup la couverture Folio. La contrainte oulipienne du roman fut d'épouser la forme d'une sextine, forme poétique inventée au XIIe siècle.