Des gens primitifs

Rosemary expliqua à Simone que George, dix ans, souffrait d'un chagrin maladif. Il fondait souvent en larmes à l'école et les autres se moquaient de lui. La séparation de ses parents était difficile, mais elle n'expliquait pas tout. À six ans, Maisie était, elle aussi, une enfant perturbée, rêveuse et mélancolique... «Tout ce que vous avez à faire, c'est vous assurer que les enfants ne s'entre-tuent pas, ne vous assassinent pas, ne se suicident pas - et les égayer ! Peu importe comment vous vous y prenez !» dit-elle. Simone, une jeune Haïtienne qui a fui la violence de son pays, trouve un emploi de jeune fille au pair chez Rosemary, excentrique et chaleureuse, pour s'occuper de ses deux enfants, près de New York. L'Amérique, vue de loin, c'était pour Simone un pays civilisé où tout devait se passer suivant des règles de conduite bien établies. Or, elle va s'apercevoir très vite que les Américains moyens peuvent, à l'occasion, être aussi barbares entre eux que des membre de tribus primitives. On se ment, on se trompe, on se détruit les uns les autres, sans se soucier de préserver l'équilibre précaire des enfants, trop souvent déchirés entre leurs parents. C'est un portrait décapant de certaines familles d'aujourd'hui que nous donne ici Francine Prose, qui sait heureusement nuancer d'un solide humour des teintes souvent sombres.