Mon récit

Le héros de ce «récit» est un aventurier de notre temps, c'est-à-dire un homme qui ne croit pas à grand-chose. Mais c'est un aventurier de grand style qui, par son libertinage, son immoralité, son·élégance, son écriture, enfin, s'apparente singulièrement à quelques personnages inquiétants et séduisants du XVIIIᵉ siècle : le cardinal Bernis, Vivant Denon, Nerciat, l'abbé Prévost. Tout, ici, est exprimé, mais rien n'est dit. Cela est dans la tradition des conteurs les plus audacieux de notre littérature. Les diverses expériences du héros, ses actions les plus répréhensibles, et jusqu'à une certaine ingénuité dans l'amour sont décrites avec la force et la discrétion qui caractérisent
les œuvres durables. Mon récit, où l'on voit un jeune homme plongé dans la dépravation du cœur et de l'esprit raconter sans complaisance, mais sans remords, ses égarements, est un de ces textes rares dont l'éclat est à la fois mystérieux et profond.