Le Siècle d'Assia

Marguerite Bérard

Flammarion

  • Conseillé par
    24 mars 2019

    Les chemins de la mémoire

    Marguerite Bérard nous raconte le siècle d'Assia. Assia c'est son grand-père
    maternel né en 1903 dans une famille russe, juive, aisée mais sans plus,
    installée à Rovno, ville de l'ouest de cette Ukraine prise en tenaille entre
    la Pologne et la Russie révolutionnaire.
    De cette famille traditionnelle avec son père autoritaire, de cette situation
    politique tendue et violente, de cet antisémitisme jamais loin, Assia qui
    n'avait pas la fibre des études décide de partir à 17 ans pour la Palestine
    avec l'ambition de construire un pays neuf et d'y réussir.
    Il y tombera amoureux, croira le succès arrivé, mais finalement non et il
    décidera de quitter ce qui ne s'appelle pas encore Israël. C'est la France
    qu'il choisit où quelques compatriotes exilés comme lui, l'aideront comme ils
    pourront. Il arrive sans un sous en poche et sans parler la langue. Il a faim,
    il a froid, mais il s'en sortira. Se fera embaucher, puis rachètera la petite
    fabrique de bracelets-montres qui l'emploie. Il se marie avec Sima qui vient
    de Russie. Ils ont un premier enfant et la vie semble leur sourire. Mais être
    juif et qui plus est, étranger, en France à la fin des années 30 vous destine
    au pire. Paradoxalement, c'est cela qui va sauver Assia. Ayant conservé un
    passeport palestinien, il bénéficie de la protection diplomatique des Anglais
    auxquels les Allemands l'assimilent. Or les Nazis veulent garder des
    prisonniers anglais comme monnaie d'échange avec les Britanniques et c'est
    cela qui le sauvera des camps. A la libération il retrouvera sa femme et sa
    fille qui avaient réussi à se cacher. Il restera en France jusqu'à la fin de
    sa vie en 1999.

    Marguerite Bérard raconte cette vie sans pathos, ni véhémence ou rancoeur.
    Elle se glisse dans la peau de ce grand père qu'elle a bien connu mais qui
    parlait peu, pour imaginer ce qu'il a ressenti, pour comprendre combien il est
    douloureux de quitter sa terre natale qui, elle,  ne vous quitte jamais. Un
    récit aussi simple et précieux que ces petits cailloux que l'on pose sur le
    chemin de la mémoire pour ne pas se perdre. Pour ne pas oublier qui sont les
    nôtres, d'où l'on vient et qui l'on est.

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