Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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14 juillet 2017

Revoilà Tonton et sa bande en très grande forme. Quand je dis revoilà, je devrais dire voilà Tonton et sa bande, car, il faut que je vous essplique : j'ai déjà lu et bafouillé quelques chroniques sur cette esscellente série, mais celui-ci est le premier. Pas le premier que je lis, j'en suis à 5 celui-ci inclus! Ce Tonton, Le pire du milieu, est le premier écrit par Samuel Sutra pour amuser sa famille et éventuellement la galerie de ses amis, car le romancier - qu'il est devenu depuis - est facétieux. Non, j'ai commencé la série par le n°4 (Le bazar et la nécessité), puis logiquement continué par le n°5 (La bonne, la brute et la truande) et avant d'attaquer le n°6 (Les deux coups de minuit), j'ai rattrapé mon retard avec le n°3 (Akhänguetnö et sa bande). J'ai donc lu tous ceux du milieu - pas les pires - il ne me manquait que les premiers. La futée éditrice de Flamant noir flairant elle aussi le bon coup -une parente de Tonton ? - et surtout ne pouvant pas résister aux charmes non pas de l'auteur - je suis pour la paix des ménages - mais de sa série a décidé de tout rééditer. Voici donc le n°1 et le n°2 est attendu pour cet été. Cet avant-propos un peu longuet touchant à sa fin et même n'ayons pas peur des mots étant quasiment fini, je m'en vais livrer un avis de lecture hautement distingué : j'ai adoré !

Voilà, ne vous reste plus qu'à courir dans vos bonnes librairies acheter ou commander cet opus et tous les autres, sous peine de passer à côté de LA série humoristico-policière française. Du développement ? Vous voulez que je développe ? Bon, eh bien, euh... Samuel Sutra écrit ses Tonton comme Audiard ses dialogues et on le lit comme on regarde Les tontons flingueurs (par exemple). On attend le bon mot, la phrase drôle qui vient parfois d'une manière plus subtile - mais drôle - qu'attendue : "Ses [ceux d'Aimé Duçon, alias Tonton] parents s'étaient considérablement enrichis pendant la guerre d'une manière aussi rapide qu'inattendue, dans le commerce des biens non chrétiens faits de métaux non ferreux. […] Durant la guerre, papa Duçon, conscient du poids de l'alternative qui se présentait, hésita longtemps entre la collaboration et la résistance. Cette mûre réflexion le mena à afficher ouvertement ses sentiments patriotiques dès l'été quarante-neuf, creusant un peu plus ce sillon de droiture et de courage qui caractérisait les Duçon depuis tant de générations." (p.25/26), avec au passage une référence à Pierre Desproges et son fameux sketch sur la collaboration et la résistance qui ne fit pas rire tout le monde à l'époque - mais moi si. Bon, je vous pourrais vous citer pas mal d'autres passages, du plus châtié - non, j'déconne - au plus graveleux : "À ce moment, le Belge s'est tenu le même raisonnement que celui que tu tiens à une infirmière quand elle te plante un thermomètre dans le prose. Si après un an et un jour, elle n'est pas venue récupérer son matériel, il est à toi." (p.212), là j'ai fait sobre, parce qu'on est à une heure de grande écoute...

En outre, le premier d'une série, c'est assister à l'accouchement. On sait pourquoi untel ou untel fait partie de l'équipe. Il manque encore Donatienne, l'alcoolique cuisinière de Tonton, mais elle ne devrait pas tarder à venir enrichir les rangs. Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai hâte de lire le n°2, qui, je vous le rappelle, sera mon n°6 - vous suivez toujours ? Vous êtes des lecteurs plus classiques, plus linéaires ? Commencez par le n°1 et puis le 2 - qui arrive -, le 3, le 4, le 5 et le 6... et avec un peu de chance, il y en aura d'autres. Dépêchez-vous, tout retard n'est pas rédhibitoire, ma lecture aléatoire en est la preuve, mais votre été pourrait bien souffrir d'une certaine mélancolie si vous ratez les Tonton ; il faudrait vous rattraper sur l'hiver...

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14 juillet 2017

Version romancée de celle qui est connue comme étant la plus grande tueuse en série française, puisque qu'elle aurait à son actif au moins soixante morts sur presque cent tentatives. Décapitée en 1852 à Rennes, Hélène Jégado sillonna la Bretagne en s'engageant en tant que cuisinière dans les cures, les grandes maisons les laissant parfois totalement vides après son passage. C'est donc d'un personnage particulièrement fort - et finalement assez méconnu - que s'empare Jean Teulé. Son roman débute bien, par les années de jeunesse de Fleur de tonnerre sur la ferme de ses parents. Il décrit les conditions de vie pauvres, l'aridité de la terre, les légendes et croyances encore très présentes mâtinées de la religion qui tente de s'imposer, c'est sans doute pour cela qu'il y a plein de calvaires en Bretagne, pour contrer les coutumes païennes : "Des pierres druidiques, ici, on en verra de moins en moins puisque lorsque le clergé ne s'en sert pas dorénavant comme carrière pour construire des chapelles, il les catholicise en taillant une croix romaine à leur sommet. [...] Les religions se succèdent en se pénétrant. La nouvelle prend le dessus en avalant l'ancienne qu'elle digère avec le temps." (p. 19/20). Tout cela, qui forme le contexte du roman est fort bien rendu, qui le rend instructif et intéressant et qui explique en partie pourquoi et comment Fleur de tonnerre a pu "exercer" son fatal office pendant aussi longtemps, surtout si l'on ajoute que le choléra faisait encore des victimes et que certaines de l'empoisonneuse ont pu passer pour malades du choléra.

Là où je me lasse, c'est que bientôt le roman de Jean Teulé devient un macabre inventaire, un prétexte à accumuler des morts sans que rien d'autre ne change vraiment au gré des chapitres. Répétitif et morbide et même si le romancier sait se faire beaucoup plus discret que d'habitude, dans ses tournures de phrases, ses dialogues beaucoup moins fleuris, c'est peut-être cela d'ailleurs qui me surprend et me déçoit ici, une certaine "sagesse" du récit qui aurait sans doute mérité plus de truculence dont Jean Teulé sait user, parce que sur la longueur eh bien son roman devient ennuyeux. Un comble !

Encore une fois je n'accroche pas et je ne parviens pas à goûter totalement aux joies de la lecture teuléenne. Décidément, il est écrit que cet auteur n'est pas pour moi !

Le Livre de poche

8,70
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14 juillet 2017

Une mise en place des personnages, des lieux, des circonstances, des affaires, un peu longue et confuse : j'ai mis beaucoup de temps à repérer qui est qui et de quelle affaire il s'occupe ; de même, j'ai galéré pour suivre les deux intrigues, à chaque fois l'une m'échappe dès que l'on passe à l'autre, et vice-versa, sachant qu'en plus entre les enquêtes on s'intéresse un peu aux raisons de chacun pour atterrir dans cette brigade d'éclopés, lorsque reprend l'enquête, je dois faire un effort pour m'en souvenir, même si Sophie Hénaff en rappelle les grandes lignes de temps en temps. Une entrée en matière un peu dure pour moi qui m'attendais à un récit plus drôle d'après ce que j'avais déjà pu en lire sur les blogs et autres supports. De fait, même si l'ambiance est bon enfant, ce roman n'est pas vraiment drôle. Certes, on sourit beaucoup notamment grâce aux personnages pittoresques, à leurs manies et difficultés à accepter de travailler dans cette brigade et vivre tous ensemble, mais pour le reste, on est dans un polar assez classique avec enquête, renseignements divers, ...

L'équipe est bien sympathique et détonne dans le flot habituel des polars où l'on croise toujours les meilleurs des meilleurs, là c'est l'inverse, on a la lie de la police, les poissards, les cossards, les parieurs, les alcoolos, les tarés, ... Cela fait un bien fou de voir que l'on peut bâtir un roman policier avec des gens comme ça. Sophie Hénaff nous distrait joyeusement avec sa brigade et son intrigue se tient jusqu'au bout. Il existe un deuxième volume des enquêtes de Anne Capestan, Rester groupés qui ferait une bonne lecture estivale à la suite de celui-ci.

13,00
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14 juillet 2017

Autant le premier roman de Henri Girard passé entre mes mains était gai et positif (Les secrets du club des six), autant celui-ci est sombre. C'est à nouveau une histoire d'adolescents qui grandissent et qui se retrouvent vite confrontés aux changements de leurs corps, de leurs activités, au désir sexuel et à l'amour. C'est Marie-Fleur, la belle-mère de Gilles qui sera la première, à son insu, à être l'objet de leur désir. Il faut dire qu'elle est belle Marie-Fleur, qu'elle est proche des garçons, très amoureuse de son mari et que Gilles est assez malin et bricoleur pour pouvoir l'observer - et partager ses observations avec son copain - en toute sécurité. Tout paraît beau et simple, bucolique voire coquin, mais le grain de sable bientôt viendra gripper cette belle mécanique.

Habilement, Henri Girard décrit les relations entre les deux garçons, cette amitié puissante et exclusive. Il parle bien également de la sérénité au sein de la famille de Gilles et des relations conflictuelles dans l'autre maison. Tout au long de son roman, il nous balade, on ne sait jamais lequel des deux garçons s'en sortira le mieux, lequel vivra au mieux sa vie d'adulte. Lequel manipule l'autre ? Et les filles là-dedans, comment s'en sortent-elles ? Sont-elles, elles aussi manipulatrices ? Marie-Fleur, mais aussi Martine la cousine du narrateur, sa première expérience amoureuse et sexuelle, une jeune femme libre. Car l'on sent bien que quelque chose se trame et que la belle entente risque de se fissurer. Au fil des pages, on ne sait plus trop quoi penser de tel ou tel, et c'est donc un peu contraint mais ravi que l'on cède à la superbe écriture de l'auteur, à sa manière de nous promener et de nous raconter ces vies. Car, Henri Girard fait montre d'un talent littéraire évident : une langue riche, châtiée, d'une élégance rare et plus qu'agréable. J'aime son style classique émaillé de mots parfois peu usités ; j'aime aussi sa manière de raconter en peu de mots, par exemple cet extrait de son prologue où l'un des ados devenu adulte s'exprime :

"Au dispensaire où je fus soigné d'un vilain tétanos dû à l'usage de lames de rasoir pas trop propres, l'infirmier qui me changeait mes pansements aux poignets me prit en sympathie." (p.11)

Élégance, concision, je vous avais prévenus. Auteur et éditrice à découvrir absolument. L'été est propice aux lectures...

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14 juillet 2017

Maurice Gouiran a l'habitude de placer ses romans noirs dans des contextes historiques, parfois oubliés, parfois peu connus. Cette fois-ci, le départ de son intrigue est plongé dans une atmosphère assez connue, une odeur d'affaire Dominici pour l'enquête et une plongée dans les camps de concentration dans lesquels les médecins se livraient à des expériences terribles sur des hommes. Le roman débute assez mollement et il faut tout le talent du romancier pour capter mon intérêt. C'est lorsque Henri rencontre Antoine qu'il commence enfin à se tendre et à livrer des informations, et vue la quantité de documentation notée dans la bibliographie, je peux vous dire que l'auteur est assez complet dans les domaines qu'il aborde.

Je ne vous cacherai pas que ce n'est pas à mes yeux le meilleur roman de Maurice Gouiran - un coup de fatigue sans doute -, mais j'ajouterai aussitôt que, même moins réussi, un roman de l'auteur est toujours extrêmement instructif et rondement mené. C'est ça les romanciers qui se documentent et travaillent, cela se ressent et ils parviennent à intéresser leur lectorat par ce qu'ils apportent et la manière de le faire. Maurice Gouiran le fait toujours avec des personnages à un tournant de leur vie - mais j'ai l'impression qu'on est souvent à un tournant de sa vie -, des hommes qui se posent pas mal de questions, ici l'origine, l'attachement aux racines familiales et géographiques, les choix de vie et les rencontres qui changent l'individu. Ils sont attachants Henri et Antoine, et comme en plus, ils nous apprennent plein de choses, leur fréquentation est tout à fait conseillée.