1, Bootblack

Mikaël

Dargaud

  • Conseillé par (Libraire)
    5 juillet 2019

    Mickaël revisite les classiques de la culture américaine avec brio. Après "Giant", voici un nouvel album à dévorer.
    Richard


  • Conseillé par (Libraire)
    27 juin 2019

    New-York des années 30 au ras du sol

    Après le formidable dyptique "Giant" consacré aux ouvriers constructeurs de gratte ciel new-yorkais, Mikaël poursuit sa description des quartiers populaires, misérables ou des milliers de migrants se cherchent une identité.
    En cette année 1929, des gens fortunés, on ne distingue bien souvent que les pieds, les chaussures que font reluire ces enfants, ces bootblacks pour 10 cents, à genoux, la tête baissée. C’est l’un d’entre eux, Al, que Mikaël nous présente, Al comme Altenberg, un nom venu du village natal de ses parents, en Allemagne. A dix ans il est orphelin et va devoir apprendre à survivre dans la jungle de la ville tentaculaire. Comme Oliver Twist de Dickens, on va le suivre dans sa quête d’une identité qu’il revendique américaine et surtout dans sa quête de survie. Les potes comme Shiny, les mauvaises fréquentations, la pègre, la mafia, constituent l’environnement du gosse devenu adolescent et amoureux de la mystérieuse Margaret.
    La qualité première du premier tome de ce dyptique réside dans un dessin superbe, identifiable parmi des milliers d’autres et qui s’appuie sur une évidente documentation. Comme dans un livre photos des années trente, on se met à observer avec attention les moindres détails de cases dans lesquelles la vie quotidienne au ras du sol est décrite avec minutie. On découvre les échoppes, les théâtres, la gare ou le port d’une ville en pleine effervescence quand les langues se mélangent, les classes sociales s’affrontent ou s’ignorent. Comme un cinéaste soignant ses cadrages, l’auteur magnifie des vues en contre plongée de la Grosse Pomme, sujet principal de cette BD, où le brouillard nimbe souvent les tours comme pour les rendre plus humaines.
    L’Amérique se construit aussi dans ces quartiers ou âgé seulement de 10 ans, Al crie en s’enfuyant de chez lui une dernière fois: « Ici les gens se font tout seuls », même si l’avenir lui prouvera que cette élévation sociale ne se fait pas sans difficultés ou compromissions. Le rêve américain s’est aussi construit sur de difficiles illusions. Mikaël montre superbement l’envers du décor.

    Coup de cœur d'Eric.