Dans la foule

Laurent Mauvignier

Les Éditions de Minuit

  • Conseillé par
    23 décembre 2016

    29 mai 1985, les supporters arrivent de toute l'Europe à Bruxelles, pour assister à la finale de la coupe d'Europe des champions entre Liverpool et la Juventus de Turin qui se jouera au stade du Heysel. Jeff et Tonino de France, Geoff et ses frères de Grande-Bretagne, Tana et Francesco d'Italie, Gabriel et Virginie les locaux. Ce soir-là, les hooligans feront tragiquement parler d'eux. Leur folie entraînera bousculades et bagarres, avec beaucoup de morts et blessés pour conclusion. Le match se jouera quand même, pour calmer les esprits.


    On m'a dit et on dit en général beaucoup de bien de Laurent Mauvignier que je découvre avec ce titre qui, le moins que je puisse dire à son propos est qu'il ne m'a pas du tout convaincu. Si le contexte n'est pas ma tasse de thé, et non, je n'aime pas le foot -c'est un euphémisme-, je pensais que comme ce sport -bien qu'à cette échelle, il faille parler de business- n'étant justement que le contexte, tout ce qu'il y avait autour du drame de ce soir de finale, la montée de la tension, les personnages qui devaient évoluer pendant tout le roman, tout cela pensais-je donc devait me plaire. Las, je m'y ennuie dès le départ, et pourtant il n'y est pas encore beaucoup question de football. De fait, ce roman s'embourbe dans une tonne de détails. Laurent Mauvignier écrit bien, je ne le conteste pas, il a d'ailleurs tout pour me plaire à ce niveau, simplicité, phrases courtes, directes, mais justement, là il ne va pas au plus court. Il détaille, se perd dans des apartés longs, des descriptions qui ne me semblent pas utiles, ratant ainsi la vraie profondeur de ses personnages même s'il la frôle, la touche du doigt, la voilà délayée dans du fade, du mou ; son roman perd en densité. Lorsqu'il m'aurait plu de lire un roman court, serré, vif et âpre, il en fait un long texte avec des propos qui ne lui apportent rien si ce n'est de la lenteur et du délayage. A mon goût et mon humble avis de lecteur, le roman aurait eu plus de puissance en étant plus court.


  • Conseillé par
    20 octobre 2014

    A Bruxelles en 1985, la finale lors de la coupe d'Europe des champions va tourner au drame. Ce match qui oppose Liverpool à la Juventus de Turin sera nommé plus tard et pour toujours le drame du Stade du Heysel. Laurent Mauvignier commence le récit avant le match, avant l'arrivée à Bruxelles de ses personnages. Jeff et Tonino venus de France, Geoff et ses deux frères aînés de Grande-Bretagne, Tana et Francesco des italiens qui viennent de se marier et qui sont en voyage de noces. Gabriel et Virginie de Bruxelles qui n'en reviennent toujours pas d'avoir des billets. Tous ressentent une effervescence d'assister à ce match si important et ce sentiment entre fierté et orgueil d'y être contrairement à d'autres. Une foule, une marée humaine se presse à Bruxelles. Certains sont là pour l'amour du foot d'autres y sont avec une rage et une violence.

    Dès le départ, on sait que ce 29 mai 1985 restera graver dans les mémoires. Qu'il y aura des centaines de blessés, des gens piétinés, écrasés contre des barrières et un bilan de 38 morts. Un roman roman polyphonique où chacun prend la parole et l'on ressent l'excitation d'avant le match, la joie. Puis la peur et la cohue du drame Et puis il y a eu cette chose qui est arrivée, cette chose que l'Europe entière a vue en croyant ne pas la voir. Les cris étourdissants qui serrent, empoignent comme les corps les uns contre les autres, les pensées de chacun éparpillées, tétanisées devant l'ampleur de que qu'ils vivent. Pourront-ils se reconstruire après? Reprendre leur existence et gommer ce jour ? Et ce livre est terriblement oppressant car il nous immerge dans ce drame. Laurent Mauvignier dépeint ces vies définitivement modifiées, les consciences lestées de remords. Il n'endosse pas le rôle de juge en nous décrivant les holligans, les forces de l'ordre dépassées. Toutes les erreurs et défaillances ressurgissent dans ce livre qui met au premier plan l'humain.
    Une lecture qui bouscule et inoubliable par sa force à décrire l'intime...