Le racisme ordinaire au travail
EAN13
9782749279244
Éditeur
Erès
Date de publication
Collection
Clinique du travail
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le racisme ordinaire au travail

Erès

Clinique du travail

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« Psychologue dite ‘racialisée’, je me suis toujours sentie concernée par
cette question. Je peux d’ailleurs parfois moi-même être soumise à
l’assignation sociale comme aux discriminations qui en découlent. La
présomption d’origine reste souvent très présente dans les rapports sociaux
pour les personnes qui ne sont pas purement blanches. Le statut social n’est
pas un bouclier à toute épreuve. Aussi, j’ai voulu montrer à travers
différents récits de patients, comment chacun en se saisissant de la rencontre
entre leur histoire professionnelle et l’histoire à l’origine de la fabrique
des stigmates parvient peu à peu à démêler les différents fils qui le font
souffrir, et ce, malgré le piège de situations de travail qui les contraignent
à produire de manière non consciente des comportements défensifs  individuels
afin de protéger leur intégrité psychique. En clair, les patients souffrent,
mais ils ne sont pas sans réaction, ils mettent en place des comportements qui
interviennent de manière clandestine, c’est-à-dire qu’ils ne savent pas qu’ils
les ont installés et ces défenses ont surtout pour but de les préserver de la
souffrance au travail.  Ces discriminations subies au travail, comme nous le
verrons dans chacune des sept histoires que j’ai choisies parce qu’elles sont
représentatives de ce que j’entends habituellement, sont souvent liées aux
origines ou à la couleur de la peau en intersection parfois avec le sexe ou la
classe . Leur formulation toujours douloureuse est rarement exprimée d’emblée.
Les raisons sont souvent la peur de ne pas être compris, la peur du déni. Dans
chacun des textes présentés, le lecteur entre dans un nouvel univers, comme
dans une enquête qui démêle la part intime de la part sociétale, manière de
souligner que la question de la discrimination liée à la « race »  n’est
jamais binaire. La plupart de ces patients portent en eux les traces des
stéréotypes qu’on leur colle à la peau et certains peuvent croire, malgré eux,
à la réalité du classement des humains suivant une logique de racialisation .
Ces récits cliniques sont les récits des verbatims. Il n’y a pas eu
d’enregistrement. Chaque texte suit les dires du patient (dont l’anonymat a
été conservé) séance après séance. Cette continuité permet de transposer la
rigueur et la précision clinique d’un suivi thérapeutique. »
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